Le BTP : un employeur d’intérimaires majeur …
Le BTP est le deuxième employeur d’intérimaires après l’industrie. Bien que l’intérim représente environ 3 % de l’emploi salarié tous secteurs confondus, il atteint 8 % dans le BTP. Au deuxième trimestre 2024, le secteur employait 131 000 intérimaires (ETP).
D’après une analyse publiée par Adecco en septembre 2024, les manœuvres du BTP représentent le premier profil recherché (48 000 embauches prévues en 2024), suivis des métiers de la maçonnerie, en particulier les coffreurs-bancheurs (4 500 embauches). Dans le second-œuvre, les électriciens représentent environ 10 000 embauches en intérim cette année.
Le nombre d’intérimaires dans le BTP est cependant en diminution depuis le début de l’année 2023 : le secteur a perdu 9 700 intérimaires ETP en un an (du 2nd trimestre 2023 au 2nd trimestre 2024), soit un recul de 7 %. Toutes les régions sont affectées avec des taux allant de – 12% en PACA à – 2,5% dans les Hauts-de-France. Seule l’Ile-de-France connait une légère évolution positive (+ 1%).
Le premier facteur expliquant cette tendance est le ralentissement de l’activité, avec en particulier la diminution forte et continue des mises en chantier depuis 2022, confirmée par les derniers chiffres du Ministère de la transition écologique [1] : au cours des douze derniers mois (d’octobre 2023 à septembre 2024), 264 000 logements auraient été mis en chantier, soit une diminution de 20% en un an. A titre de comparaison, plus de 400 000 logements avaient été mis en chantier en 2022.
…mais un nombre d’intérimaires en baisse dans le secteur
Par ailleurs, plusieurs agences d’intérim déclarent que les tensions sur le marché de l’emploi ont induit une frilosité de la part des entreprises qui cherchent à pérenniser les talents en interne en leur proposant de reconduire leur CDD ou d’évoluer vers un CDI. L’appel au travailleur temporaire n’interviendrait que dans un second temps.
A cela s’ajoute un élément plus conjoncturel, la tenue des Jeux olympiques, qui a mis à l’arrêt bon nombre de chantiers en Ile-de-France.
Pas d’embellie à attendre avant 2026
Au 4e trimestre 2024, le secteur du travail temporaire devrait continuer à diminuer à un rythme encore plus marqué dans le secteur du BTP que dans les autres secteurs, d’après les projections de Prism’emploi [2]. Son Président Gilles Lafon fait ce constat pessimiste : « compte tenu du niveau des autorisations de mises en chantier, le BTP ne devrait pas non plus enregistrer d’amélioration avant 2026 ».
[1] Ministère de la transition écologique : Construction de logements – Résultats à fin septembre 2024 (France entière), octobre 2024.
[2] Organisation patronale du travail temporaire.