Chaque année, la DARES publie ses portraits statistiques des branches professionnelles. Issues de la DSN [1], les données étudiées traitent de l’emploi et sont analysées selon les conventions collectives de branche (usage des IDCC[2]). Ces IDCC sont regroupés au sein de Conventions Regroupées pour l’Information Statistique (Cris). La Cris B est dédiée aux secteurs du Bâtiment et des Travaux Publics. Nous vous proposons de reprendre les principaux indicateurs issus du portrait statistique du BTP depuis 2018. Quelles évolutions ont marqué les secteurs du Bâtiment et des Travaux Publics ces dernières années ?
Évolution de la population des salariés dans les secteurs BTP
Évolution en valeur absolue et en ETP
Le nombre de salariés dans le BTP a augmenté de 11% entre les 31 décembre 2018 et 2022. La croissance a été régulière pendant cette période malgré un ralentissement entre 2021 et 2022.
En équivalent temps plein, la croissance est du même ordre de grandeur puisqu’elle avoisine les 12% sur la même période. Toutefois, l’évolution a été plus irrégulière en raison de la mise au chômage partiel des salariés lors de la pandémie de COVID-19 en 2020.
Le portrait statistique de l’année 2023 n’est pas encore publié. Toutefois, en consultant une autre source statistique, il apparait une stabilisation voire un léger recul des effectifs dans le BTP. En effet, la note de conjoncture de l’Observatoire des métiers du BTP enregistre une diminution des effectifs de 0,1% sur l’année [3].
Ce phénomène s’explique par la crise qui traverse actuellement le secteur du Bâtiment sur le marché de la construction neuve. La combinaison de la flambée des prix des matériaux, de la hausse des taux d’emprunt et de la raréfaction du foncier affecte le niveau des emplois.
Évolution de la part des salariés du BTP selon la catégorie socio-professionnelle
D’après le graphique ci-dessous, plusieurs tendances se dessinent dans l’emploi salarié du Bâtiment entre 2018 et 2022.
- La part des ouvriers des entreprises de 10 salariés et plus dans l’emploi total des salariés du secteur a diminué.
- En revanche, les parts des ETAM, des cadres et des ouvriers des entreprises de moins de 10 salariés du Bâtiment ont augmenté. Cette dernière catégorie enregistre d’ailleurs l’évolution la plus élevée (+10,2 points).
Concernant les ouvriers, nous observons une inversion de la tendance. Si la part représentée par les ouvriers des entreprises de 10 salariés et plus du Bâtiment était dominante jusqu’en 2021, elle s’est faite détrônée par les ouvriers des entreprises comportant de moins de 10 salariés en 2022.
Du côté des Travaux Publics, la part représentée par les ouvriers a diminué entre 2018 et 2022 (-2,9 pts). Il s’agit de l’évolution la plus significative pour ce secteur. Toutefois, cette catégorie reste majoritaire : 1 salarié sur 2 est ouvrier en 2022 (51%).
Pour les ETAM et les cadres, leurs parts dans la population salariée des TP ont respectivement augmenté de 1,2 et 1,7 points.
- Près d’1 salarié sur 5 est un cadre (19,9%).
- Près de 3 salariés sur 10 sont des employés, techniciens ou agents de maîtrise dans les Travaux Publics (29,1%).
Au total en 2022, 66% des effectifs salariés du BTP sont des ouvriers, 21,7% des ETAM et 12,3% des cadres.
En première lecture, le taux de cadres dans la population salariée totale du BTP peut apparaître peu significatif. En effet, le BTP est au 15ème rang sur les 22 Cris [4] sur ce point. Toutefois, il ne faut pas confondre le statut « cadre » avec « les fonctions d’encadrement ». Plusieurs personnels du BTP managent des équipes sans être rattachés à la convention collective des cadres (IDCC 2420). C’est le cas par exemple des chefs d’équipe qui sont affectés aux classifications les plus élevées des conventions collectives des ouvriers. Une étude spécifique sur les fonctions encadrement de chantier est en cours au sein de l’Observatoire des métiers du BTP. Pour en savoir plus sur l’objet de ces travaux, consultez « Les études en préparation ».
Caractéristiques principales de la population salariée du BTP
Évolution de la part des salariés du BTP selon des conditions d’emploi spécifiques
Entre 2018 et 2022, la part des salariés à temps partiel dans le BTP a légèrement augmenté passant de 7,6% à 8,5% (soit +0,9 point).
Sur la même période, la part des salariés en contrat à durée déterminée a, quant à elle, diminué de 6,3% à 5,2% (-1,1 point). Cette tendance est corroborée par l’analyse des offres d’emploi sur cette période [5] : en 2018, 16% des offres recensées proposaient un CDD contre 10% en 2022.
La part des apprentis a fortement augmenté sur cette période passant de 4,9% à 7,1% de la population totale des salariés du BTP (+2,2 points). Si l’apprentissage a toujours été une caractéristique forte de la culture des secteurs du Bâtiment et des Travaux Publics, la politique mise en œuvre par le Gouvernement en exercice a permis de doper le nombre d’apprentis dans tous les secteurs.
L’apprentissage a fait l’objet d’une étude publiée par l’Observatoire des métiers du BTP en 2024. Elle visait à comprendre les trajectoires des apprentis à l’issue de leur formation : 1 000 apprentis ayant terminé leur contrat en 2020 ont été interrogés dans le cadre de cette enquête. En 2022, soit 24 mois après la fin de la formation, 65% des apprentis du Bâtiment et 63% des apprentis des Travaux Publics sont en emploi. Pour en savoir plus, consultez l’étude sur « Le devenir des jeunes formés en apprentissage ».
Évolution de la part des salariés du BTP selon les tranches d’âge
Le portrait statistique établit par la DARES relève que les parts représentatives des salariés de 29 ans ou moins et de 50 ans ou plus augmentent dans la population totale des salariés du BTP entre 2018 et 2022.
- Plus d’1 salarié sur 4 (25,4%) a 50 ans ou plus en 2022 (+0,5 point sur la période).
- Près d’1 salarié sur 4 (24,9%) a 29 ans ou moins en 2022 (+1,3 point sur la période).
La croissance de la part des jeunes dans la population des salariés concorde et s’explique en partie avec l’augmentation des apprentis dans le BTP. Elle est également plus rapide que celle de la population des personnes de 50 ans et plus. Toutefois, les actifs seniors dans le BTP restent plus nombreux que les jeunes. Dans ce contexte se pose la problématique du renouvellement des générations avec les départs en retraite dans les prochaines années.
Pour en savoir plus sur les équilibres/déséquilibres entre les entrées et les sorties des effectifs dans le BTP par métier et par région, consultez les tableaux de bord régionaux emploi formation publiés par l’Observatoire des métiers du BTP en partenariat avec les CERC [6]. Pour chaque métier, le tableau de bord permet de connaître si l’appareil de formation en région peut couvrir ou non les besoins en main-d’œuvre.
Outre les déséquilibres entre les entrées et les sorties d’effectifs liés aux départs en retraite, le BTP fait état, depuis plusieurs années, de nombreux métiers en tension, sur tous les niveaux de formation. De nombreuses opportunités d’emploi sont disponibles. En effet, l’enquête BMO de France Travail recense 213 850 projets de recrutement pour l’année 2024 [7].
[1] Déclaration Sociale Nominative
[2] IDCC : Identifiant De la Convention Collective
[3] Note de conjoncture de l’Observatoire des métiers du BTP
[4] Conventions Regroupées pour l’Information Statistique
[5] Analyse via l’outil Jobfeed de Textkernel
[6] CERC : Cellules Économiques Régionales de la Construction.
[7] « Les projets de recrutement dans la construction en 2024 », Observatoire des métiers du BTP, Juin 2024
Précisions méthodologiques :
Périmètre : Cris B qui rassemble les IDCC du Bâtiment et des Travaux Publics. Seules les conventions collectives de branche ayant 5000 salariés ou plus au 31/12 de l’année des données sont prises en compte.
Les données sur l’emploi concernent les salariés présents au 31/12, quelles que soient leurs caractéristiques (temps de travail, contrat etc.). Ces données sont collectées via la Déclaration Sociale Nominative (DSN).
Source : https://dares.travail-emploi.gouv.fr/donnees/les-portraits-statistiques-de-branches-professionnelles